jeudi 4 décembre 2014

Dumbartung, la lutte des aborigènes

3 mois en Australie,  mon coeur fait des bonds à chaque fois que je croise un autochtone dans la rue. Qui sont ils, qu'ont ils vecuent et quelles sont leur réalité aujourd'hui?

Un jour je me décide enfin à contacter une association "indigenous community volonteers" et rencontre emma, jeune australienne,  sur un poste similaire au mien aux eedf. Elle m'explique que l'association, créée il y a une quinzaine d'années,  répond aux demandes des communautés aborigènes.  Ils analysent ensemble les demandes et co-construisent des projets pour y répondre.  Ils envoient alors des volontaires, spécialisés dans le domaine requis pour travailler avec les autochtones. Avis aux voyageurs qui souhaitent faire une mission volontaire sur 7 mois minimum : www.icv.com.au/contact/

Elle me conseille vivement d'aller rencontrer un couple aborigènes à perth, qui s'occupe de la "perth dumbartung aboriginal corporation".

Deux jours plus tard, après un coup de fil à Robert, en charge de la corporation,  me voici dans les locaux. Ils sont autour d'une table avec deux autres adhérents, le ton est grave.  Robert et Selina m'accueillent chaleureusement.  Je ne sais pas bien comment expliquer ma venue. Je leur dit simplement que je suis en voyage en Australie et que pour l'instant j'ai l'impression d'avoir vu une façade de l'Australie,  celle qu'a construite les britanniques. Ils comprennent.



La corporation a vu le jour il y a 30 ans environ. Leurs objectifs sont nombreux, de la lutte pour la reconnaissance droits des autochtones,  à la concervation du patrimoine culturel de leurs communauté,  en passant par le développement des arts aborigènes, l'éducation des jeunes à l'histoire de leurs cultures, l'accueil et l'écoute de toutes personnes de leurs communautés en nécessité,  la diffusion au niveau international de la réalité autochtone en Australie,  etc.


Malheureusement,  leur champ d'action est quand à lui plus que réduit.  Aucunes aides, peu de droit,  peu de soutien... la lutte est longue et épuisante et derrière le sourire amical de selina, je peux ressentir les années de lutte et la fatigue d'un combat si inégal.  La lutte contre un géant,  le cri d'un peuple étouffé...comme dans un de ces rêves où l'on crit de toute ses forces mais où aucun son ne sort de notre bouche et personne est là pour nous venir en aide.


Les aborigènes d'Australie sont une, voir la civilisation la plus ancienne du monde. Les 1eres migrations pourraient datées de 60 000 ans avant notre ère. Ce n'est qu'au XVIIe siècle qu'arrivent les premiers explorateurs et marchands européens.  En 1788, la colonisation britannique commence à Sydney. 

L'histoire n'est pas originale,  comme toutes les colonisations, elle a vu massacres, esclages, abus, violences sur ces habitants riche d'une histoire de plus de 50 000 en tant que seuls habitants du continent.


Le 1er gouverneur Arthur Philipp, devait établir des rapports avec les aborigènes et vivre dans "l'amitié et la bonté" avec eux mais il n'a pas du bien recevoir le message qui déjà en lui est délirant.

Robert me dit qu'il y a 200 ans, il y avait environ 300 communautés différentes avec leurs propres langues et cultures,. Aujourd'hui il n'existe plus qu'une dizaine de langues encore parlé.  Les communautés, bien qu'ayant des langues et traditions différentes,  ont été regroupées et mises dans des reserves aux conditions de vie desastreuses.


De 1869 à 1969, des enfants  du detroit de torres ont été enlevés de force par le gouvernement à leurs parents.  Souvent des metis de mère aborigène et père blanc. Ils ont été placés dans des orphelinats, internats, missions chrétiennes ou familles de blanc. Il en a été recensé environ 10 000 appelés la "stolen génération", la génération volée. 50 après le traumatisme reste là.


Bien que beaucoup de personnes pensent que desormais tout va bien, le gouvernement continue d'acheter à prix dérisoire le peu de terre restant aux aborigènes. 

Lorsque j'étais là,  une famille a débarqué dans le bureau demandant de l'aide parce que la fille d'une des dames est enceinte et que les services sociaux veulent placer l'enfant dans une famille d'adoption à la naissance parce que la mère est en incapacité de s'occuper de lui. La grand mère souhaiterais avoir la garde ou au mieux qu'il soit placé dans une famille aborigène.  Robert m'explique que ce genre de problème est très courant et pour lui c'est la continuité de la génération volée.  Le but étant de donner une éducation "blanche" aux nouvelles générations et d'anéantir un peu plus ce qu'il reste de leurs culture. 

Auparavant leur local était situé dans un ancien orphelinat pour blancs juste à côté du bâtiment actuel. Il me raconte que Bob Dylan était venu les voir et avait ressenti l'énergie obscure du bâtiment. L'histoire raconte que les enfants y auraient été abusés et maltraités.  Robert me dit, quand tu penses ce qu'ils ont été capable de faire à leurs propres enfants,  il est à peine imaginable de penser ce qu'ils ont put faire à ceux de notre culture.

Le dalai lama les a aussi visité.  Robert me dit qu'il s'est trompé en disant que chacun en Australie avait le droit de pratiquer sa religion. En effet, s'il y a des temples bouddhistes,  des eglises, des mosquées et autres lieux de cultes, le seul endroit pour les autochtones à perth est cet endroit. 


Avant, il avait dans un bâtiment à côté un musée où ils exposaient les vestiges de leurs cultures,  qui était très visité par tous les aborigènes souhaitant retrouver leurs racines. Il a été fermé pour restauration mais ils ont su que la mairie n'avait pas pour projet de le leur rendre. Ils sont actuellement en lutte pour le récupérer.  Tout est lutte me disent ils.



Il y a quelques années,  ils ont alerté le gouvernement sur le nombre inquiétant de jeunes autochtones se suicidant. Jusqu'à présent rien n'a été fait.

Deux moyens de les suivre et de les encourager : facebook : dumbartung aboriginal corp et internet : dumbartungaboriginalcorporation.org ... n'hésitez pas à en parler aux voyageurs qui iraient en Australie et à venir les rencontrer à perth ou ailleurs!


Ils m'ont montré quelques videos et photos, m'ont donné des livres et un baume fait avec des produits de la jungle et m'ont même raccompagné en voiture jusqu'à chez moi!
Quelle belle et émouvante rencontre. Merci à vous pour tout, pour votre lutte, pour votre espoir et votre accueil et plein de courage.



Je retournerais les voir avec remy et ils nous donneront des contacts pour aller voir des communautés aborigènes lors de notre voyage en Australie.


4 commentaires:

  1. Salut les voyageurs,
    C'est Bérengère, on s'est croisé au repas de Noël chez Daisy et Léo.
    Alors j'ai parcouru votre blog, et c'est génial, c'est très bien écrit, hyper intéressant, les photos sont chouette, bref, en gros, continuez ainsi, je continuerai à scruter vos articles dans le futur.
    Aussi pour remercier tout particulièrement Fiona, avec qui ça a été un plaisir de discuter, et tu m'as reboosté avec le recit de ton expérience perso, ça a été très enrichissant pour moi, donc merci beaucoup !!
    Je vous souhaite une très bonne année 2015, j'espère que vous allez apprécier votre road trip, et Bali un peu plus tard !!

    Prenez soin de vous
    Bérengère

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  2. Bien le bonjour !!
    quel article ou plutôt quel blog!!! ... Bravo !!! je ne dois pas être doué mais mes com' n’apparaissent ... bref espérerant que celui ci vous arrivere !! meilleurs voeux , et bon annif Cherie Florita !!! gros gros bious , je pense à vous et plus que jamais a toi ma poulette !! Céline (EEDF forever)

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  3. Salut Bérengère et celine! Merci pour vos petits comm qui font super plaisir!
    Bonne année à vous 2 aussi!
    Ma Céline, je penses souvent à toi... j'écris régulièrement dans ton petit journal de bord alors en quelques sortes, tu m'accompagne partout. J'espère que tu vas bien ma belle!
    Des gros bisous à vous 2!

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  4. Et merci pour mon anniv! T'es forte toi avec les dates dis donc!

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